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Des strings qui s’arrachent

samedi 22 avril 2006, par Marianne Meunier

© Jeune Afrique

Originales ou carrément « coquines », les griffes turques de sous-vêtements féminins font des ravages, notamment à l’exportation.

Qui l’eût cru ? L’essentiel de la lingerie érotique que l’on déniche dans les sex-shops de Pigalle et les boutiques du quartier rouge d’Amsterdam arrive de Turquie. Les sous-vêtements de New Night Lingerie, une griffe de dessous « coquins » - ils découvrent plus qu’ils ne couvrent - vendue en Belgique, sont en réalité fabriqués de l’autre côté de la Méditerranée, dans une usine d’Istanbul. D’ailleurs, la marque est elle-même turque.

D’après l’Union turque des fabricants de sous-vêtements (Tigsad), Ankara était, en 2004, le deuxième exportateur de lingerie derrière la Chine et devant l’Italie, et détiendrait même 7,73 % du marché mondial. Première destination, l’Occident : 65 % de la production exportée par les membres de Tigsad sont destinés aux pays de l’Union européenne et 10 % aux États-Unis. En quantité importante, puisque les fabricants vendent 60 % de leurs produits à l’étranger, ce qui a généré des recettes de 1,2 milliard de dollars en 2004. D’après les projections de Tigsad, ce chiffre pourrait se situer entre 3,5 et 4 milliards d’ici à 2015. L’avenir du sous-vêtement turc de par le monde est radieux et du textile plus généralement : la Turquie est le sixième exportateur mondial de produits textiles, et le secteur crée 10 % de la richesse nationale.

L’originalité des stylistes turcs a beau être régulièrement saluée par les habitués des défilés de mode, la domination ottomane sur les sous-vêtements est insoupçonnée, car elle ne s’accorde pas avec l’idée que le consommateur occidental lambda se fait d’une société turque volontiers prude, voire répressive avec les choses du corps. Il est vrai que la femme du Premier ministre porte le voile islamique (türban) en toutes circonstances. Mais n’a-t-il jamais vu madame Erdogan attifée de son foulard favori, un imprimé de la très british marque Burberry ?

Selon un article de l’hebdomadaire britannique The Economist, les mannequins les plus demandées, Claudia Schiffer et Cindy Crawford notamment, ont naguère prêté leurs formes à des marques de lingerie et de maillots de bain turques. Plus les modèles sont célèbres, moins les labels le sont : qui a déjà dégrafé un soutien-gorge Ten ou Zeki Triko ? Lorsqu’elles sont exportées en Europe, la plupart des marques changent de nom pour mieux séduire la clientèle. On les retrouve sur les rayons des magasins branchés comme H&M ou Gap. À côté des dessous chinois, dont la concurrence se fait rude depuis la levée de l’accord multifibre, le 1er janvier 2005.

À l’opposé, un autre vêtement a le vent en poupe entre la mer Noire et la Méditerranée : le « maillot de bain islamique », composé d’une combinaison qui recouvre tout le corps, à laquelle s’ajoutent une capuche et une veste. L’histoire ne dit pas ce qu’il y a dessous.

© Jeune Afrique, le 16/04/2006

Pour aller plus loin :
ZEKI TRIKO
TEN

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