La Cour constitutionnelle turque a prononcé vendredi 11 décembre la dissolution du principal parti prokurde du pays et ordonné le bannissement de la vie politique de plusieurs de ses dirigeants. Accusé de collusion avec les rebelles kurdes, le Parti pour une société démocratique (DTP) était devenu un « foyer d’activités préjudiciables à l’indépendance de l’Etat et à son unité indivisible », a déclaré au cours d’une conférence de presse le président de la Cour, au terme de quatre jours de délibérations.
Le DTP dispose de 21 sièges au Parlement (sur 550). Ses dirigeants avaient averti avant le verdict que les députés quitteraient le Parlement plutôt que de siéger comme des parlementaires sans étiquette.
La décision fait suite à une procédure lancée en 2007 par le procureur de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçinkaya, qui a accusé le DTP d’obéir aux « directives » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays. Nombre d’observateurs estiment que le DTP est la vitrine politique légale des rebelles du PKK. Le parti assure cependant qu’il n’a « pas de liens organiques » avec le PKK, mais refuse de qualifier celui-ci d’organisation terroriste et appelle le gouvernement à négocier avec lui.
Les dirigeants du DTP avaient affirmé qu’une dissolution pourrait entraîner une recrudescence des tensions dans le Sud-Est anatolien, où de nombreuses manifestations contre les conditions de détention du chef du PKK, Abdullah Ocalan, ont dégénéré en heurts avec la police au cours des deux dernières semaines. Jeudi, les rebelles ont revendiqué une attaque contre une patrouille militaire dans le nord de la Turquie, au cours de laquelle sept soldats turcs ont été tués.