Qui parmi vous connaît un Alévi ? Bien peu, certainement. Et pourtant les Alévis représentent à peu près un tiers de la population en Turquie, soit environ 20 à 25 millions de personnes. Entre 120.000 et 150.000 vivent en France et 70 à 80 % sont naturalisés français. Alors, qui sont donc les Alévis ? Qu’est-ce que l’Alévisme ?
Il s’agit d’un phénomène complexe, se rattachant à un système de croyance indépendant et une philosophie qui prend sa source dans les traditions des anciens Turcs et des peuples nomades, semi-nomades, puis sédentaires qui ont habité l’Asie Centrale, le Proche-Orient, l’Europe des Balkans. La doctrine philosophique Alévie est donc une synthèse de différentes civilisations, cultures et croyances.
Ce mélange varié a donné naissance à un esprit de supra-confessionnalisme emprunt de tolérance et d’humanisme. A l’époque moderne, l’Alévisme se caractérise par l’humanisme, l’esprit de tolérance, l’acceptation et le respect de l’autre. Les Alévis œuvrent pour le développement de la démocratie, la sauvegarde de la laïcité et le respect des droits de l’homme en Turquie et en Europe.
En se démarquant de l’Islam majoritaire en Turquie, ils ont été réprimés et marginalisés depuis le Moyen-Age. C’est donc logiquement au regard de ces idéaux humanistes que Denis Unal, président du Centre des Alévis des Vosges et secrétaire général de la FUAF (Fédération de l’union des Alévis en France) avait convié, dimanche, à l’occasion de la journée internationale de la femme, Sema Kilickaya, professeur d’anglais et intervenante sur les questions de la femme issue de l’immigration turque, à présenter une conférence sur l’éducation et le pouvoir de la femme.
Objectif parité
« Il faut éduquer les jeunes filles à la citoyenneté et au pouvoir, la parité étant un objectif à atteindre » a-t-elle confié, en avant-propos. Puis elle s’est intéressée à l’importance de la scolarisation des filles, prenant pour exemple le projet Kardelen en Turquie qui a amené 5.000 filles à fréquenter l’école. « La scolarisation permettra leur émancipation et leur ascension sociale, sans parler de leur indépendance économique. » En France, de plus en plus de jeunes femmes d’origine turque veulent être impliquées dans la vie sociale et politique. Celles présentes ont ainsi pu évoquer leur situation, leurs problèmes, leurs envies, avant que toutes et tous se retrouvent pour un moment de partage autour d’un sympathique buffet, accompagné par Arif Arslan, jeune musicien, aux sons de la saz, instrument de musique millénaire à cordes et sacré pour les Alévis.
Le mot de la fin est revenu à Nathalie Unal : « Nous, les femmes, ce que nous voulons, c’est du pain et des roses ! » Des roses offertes à toutes après la conférence.