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Génocide arménien : des historiens opposés à la pénalisation

mardi 9 mai 2006, par AFP

Sources : AFP - Europe 1, le 07/05/2006

Des historiens sont « choqués » par la proposition de loi émanant du groupe socialiste à l’Assemblée nationale et prévoyant la pénalisation de la négation du génocide arménien, reconnu comme tel par la France en 2001.

PARIS (AFP) - Plusieurs historiens de renom se déclarent « profondément choqués » par la proposition de loi récemment déposée par le groupe socialiste qui vise à sanctionner pénalement la négation du génocide arménien, dans un texte transmis samedi à l’AFP.

Dans ce texte, les signataires, qui avaient déjà lancé en décembre une pétition - « Liberté pour l’histoire ! » - s’opposant au vote de « lois mémorielles », se déclarent « profondément choqués par la proposition de loi déposée par le groupe socialiste qui devrait venir en discussion devant l’Assemblée nationale le 18 mai ».

Cette proposition de loi complètera, si elle est adoptée, la loi du 29 janvier 2001 par laquelle l’Etat français reconnaît le génocide arménien de 1915 mais qui ne prévoit pas de sanction en cas de négationnisme.

« Nous avions naguère mis en garde contre le vote et la promulgation de vérités officielles indignes d’un régime démocratique », poursuit le texte.

Selon la proposition de loi, la négation du génocide arménien devrait « être punie des mêmes peines que la négation de la Shoah ». « Pareille disposition, poursuit le texte des historiens, aggraverait les atteintes à la liberté d’expression. Elle prendrait une nouvelle fois les enseignants en otage. C’est affligeant ».

Les signataires du texte se déclarent d’autant plus choqués qu’ils avaient rencontré, en décembre 2005, des responsables de groupes parlementaires de l’Assemblée nationale « qui leur avaient assuré à demi-mot qu’aucune nouvelle disposition ne viendrait aggraver les lois mémorielles ».

Outre l’historien Jean-Pierre Azéma, on trouvait parmi les signataires de la pétition « Liberté pour l’histoire ! », des universitaires comme Elisabeth Badinter, Marc Ferro, Jacques Julliard, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet.

Le vice-président UMP de l’Assemblée nationale, Eric Raoult, a déposé une proposition de loi similaire.

Dans leur pétition « Liberté pour l’histoire ! », plus de 400 universitaires se déclaraient notamment « émus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation des événements du passé ». Ils demandaient en outre l’abrogation d’un certain nombre d’articles de loi « indignes d’un régime démocratique »

En ce qui concerne le génocide arménien, la Turquie rejette catégoriquement la thèse d’un génocide, estimant qu’il s’agissait d’une répression dans un contexte de guerre civile où les Arméniens se sont alliés aux troupes russes qui avaient envahi l’empire ottoman.

Ankara évalue à 300.000 le nombre d’Arméniens massacrés et affirme qu’au moins autant de Turcs ont été tués.

Les Arméniens affirment pour leur part que le nombre de morts durant des massacres ou des déportations avoisine 1,5 million.

Récemment, à Lyon, des inscriptions en français et en turc niant le génocide avaient été découvertes sur des stèles du mémorial qui lui est dédié, quelques jours avant son inauguration.


Génocide arménien : les députés vont-ils écrire l’histoire ?

Le 7/05/2006

Source : Europe 1

Plusieurs historiens de renom se mobilisent contre la « vérité officielle ». Parmi eux, Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Elisabeth Badinter ou encore Jacques Julliard. Le débat a été relancé par une proposition de loi des parlementaires socialistes qui prévoit des sanctions pénales en cas de négation du génocide arménien. La question d’une « vérité historique officielle » a été soulevée à plusieurs reprises par les intellectuels qui craignent pour leur liberté d’expression. Une pétition intitulée « Liberté pour l’histoire » a été lancée en janvier.

La communauté arménienne, elle, s’émeut du négationnisme dont le génocide de 1915 peut faire l’objet. La Turquie refuse toujours de reconnaître le massacre de centaines de milliers d’Arméniens. Dernièrement, l’inauguration à Lyon d’un mémorial du génocide arménien a été perturbée par des manifestations et des inscriptions en français et en turc, niant ces événements, ont été découvertes sur les stèles. L’Assemblée nationale discutera de cette proposition de loi dans une dizaine de jours.

Au micro d’Europe 1 :
Jean-Pierre Azéma Historien
Yves Ternon Favorable à la loi
Pierre Nora Historien

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