Le Figaro - 16/12/2004
Istanbul : de notre envoyé spécial
Ils sont frustrés et inquiets. Les intellectuels francophiles d’Istanbul suivent avec amertume la tournure prise par le débat français sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Dans cette ville où les élites se sont longtemps tournées vers Paris, l’heure est au dépit parmi les amoureux de la culture française. « On se sentait depuis toujours assez proche de la France, particulièrement à l’aise avec ses valeurs, et voilà que l’on entend (...)
L’Europe, obscur objet de désir pour la Turquie : insaisissable et fuyant. Mais avant d’en avoir le désir, ne convient-il pas d’inventer l’Europe ? se demandent des intellectuels turcs.
Le soc de la modernité sur la terre anatolienne devait prendre la forme institutionnelle du triangle : l’armée en pointe épaulée d’une administration laïque et des intellectuels progressistes. Un soc et une égide, un écu. Côté face : le symbole du volontarisme d’Etat, moteur et flèche d’un développement dont la fin est (...)