« je suis irritée par l’utilisation politique et démagogique qu’on peut faire du débat sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Comme si la Turquie allait entrer demain, et comme si la question se posait seulement aujourd’hui. » Dans un français irréprochable, parfait à l’université publique franco-turque Galatasaray d’Istanbul, Serap Atan, 34 ans, ne cache pas son agacement. « On parle beaucoup des problèmes de la Turquie ou des difficultés que son adhésion pose, peu de ses qualités et de l’apport qui pourrait être le sien », déplore la représentante à Paris de Tüsiad, l’Association des industries et des entreprises de Turquie.
C’est au mois de janvier que le Medef turc a ouvert un bureau de représentation à Paris, inauguré trois mois plus tard en présence des plus hauts responsables économiques turcs et français. Paris est la troisième capitale européenne, après Bruxelles et Berlin, où s’implante Tüsiad, également présente à Washington. « Les relations de la Turquie avec la France jouent un rôle significatif dans le processus de l’intégration de la Turquie à l’Union, note Mme Atan. Les liens politiques et économiques entre les deux pays sont ancrés dans l’histoire et les entreprises françaises ont gagné la première place parmi les investisseurs étrangers au cours des dernières années. » Elle met en avant les 69,6 millions d’habitants et donc de consommateurs potentiels que compte la Turquie et les 215 milliards d’euros de son produit intérieur brut (PIB), qui fait d’elle la dix-huitième économie mondiale et donc un facteur d’enrichissement majeur pour l’Europe.
ÉGALITÉ DES SEXES
Objectif principal de Serap Atan : renforcer la confiance vis-à-vis de l’économie turque par une meilleure information auprès des investisseurs français, des médias, des autorités politiques et des cercles académiques. En vantant par exemple les gains de compétitivité réalisés par les entreprises turques au cours des dernières années, leur technologie et la qualité de leurs produits. « Aucun industriel du textile ne peut prétendre rivaliser avec les Chinois. Il faut donc jouer sur les marques », explique-t-elle.
Ne cachant pas ses options libérales - « Le moteur de l’économie turque est le secteur privé », se plaît à rappeler Mme Atan -, Tüsiad, sur le sujet très sensible de la place de la femme en Turquie, défend avec énergie l’égalité des sexes. « Pour qu’une société progresse, il est indispensable d’y renforcer le rôle politique, social et économique de la femme. » D’ores et déjà, le dynamisme de Tüsiad, reflété par le nombre de brochures et de rapports publiés, ne manque pas d’impressionner les patrons français. « C’est sans doute ce qu’on peut imaginer de plus moderne et de plus professionnel », note un responsable du Medef. « C’est un patronat exemplaire », ajoute-t-il.