« Les Français auront leur mot a dire », a-t-il déclaré vendredi lors d’une conférence de presse à l’issue d’un entretien à Strasbourg avec le chancelier allemand Gerhard Schröder.
Le président Jacques Chirac s’est prononcé, vendredi 1er octobre à Strasbourg, pour une révision constitutionnelle permettant aux Français de se prononcer par référendum sur l’entrée éventuelle de la Turquie dans l’Union européenne.
Au cours d’une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Gerhard Schröder, Jacques Chirac a indiqué qu’il avait « demandé au gouvernement d’examiner les conditions d’insertion dans la révision constitutionnelle », préalable à la ratification du traité constitutionnel européen, « une disposition permettant de garantir qu’à partir d’une certaine date, avant l’entrée éventuelle de la Turquie », les Français soient interrogés « obligatoirement par le biais du référendum » sur les nouvelles adhésions à l’UE.
Jacques Chirac a précisé que « dans son esprit », ce référendum ne concernerait pas la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie, dont les négociations d’adhésion « sont pratiquement achevées ». « C’est un autre problème », a-t-il dit. Le président de la République a également insisté sur le fait que la ratification du traité constitutionnel pour l’Europe élargie n’avait « rien à voir avec la Turquie », appelant à dissocier les deux débats.
« CELA DEMANDERA 10 OU 15 ANS »
L’éventuelle adhésion de la Turquie est « un problème à beaucoup plus long terme », a ajouté Jacques Chirac. Elle « suppose que la Turquie remplisse l’ensemble des conditions qui sont celles de l’UE », a-t-il dit, et « ça demandera 10 ou 15 ans ».
« Nous avons intérêt à avoir la Turquie avec nous », a fait valoir le président français, en invoquant « la perspective de l’enracinement de la démocratie et de la paix sur l’ensemble du continent européen au sens large du terme, de façon à éviter les erreurs et les violences du passé ».
La Turquie a fait « un effort considérable ces derniers temps pour aligner sa législation, ses méthodes, ses usages » sur ceux de l’UE, a-t-il dit. Mais, a-t-il ajouté, « il est évident que les usages doivent encore progresser pour respecter les critères de la démocratie et de l’économie de marché » définis par l’UE à Copenhague.
« La France et l’Allemagne partagent la même analyse », a affirmé pour sa part le chancelier allemand. Une entrée à terme de la Turquie dans l’UE serait « un plus pour la sécurité » en Europe, a-t-il ajouté.