Lorsque j’étais jeune, il était une Anatolie rêvée. « Des villages dans lesquels nous n’avions jamais mis les pieds, que nous n’avions jamais visités mais qui étaient les nôtres ». Des villages de verdure, paradisiaques nous disait-on, dans des poèmes et des chansons.
Rien à voir avec la réalité. Non rien à voir avec cette Anatolie où s’étendait une large misère dans des villages non entretenus, privés d’eau et d’électricité aux venelles boueuses et aux maisons montées en bouses de vache.
Cette Anatolie que (...)
Que les juristes de Turquie aient coupé tout lien avec le peuple de Turquie et encore plus tout lien avec le droit, c’est un fait que plus personne n’ignore.
Après les révélations sur les rapports entre le président de la Cour de Cassation et des groupes mafieux, après la décision de la Cour constitutionnelle d’invalider le premier tour de l’élection présidentielle pour un motif fallacieux, après les propos laudateurs tenus par le procureur en chef du Conseil d’Etat sur les coups d’Etat, après surtout (...)
La Turquie se dirige vers un grand règlement de comptes final. Cette situation n’est pas due, comme on pourrait le craindre, à un conflit de race ou de religion. Le pays est traversé d’une fracture plus fondamentale et plus dangereuse.
Nous avons aujourd’hui d’un côté une grande masse de gens qui ôtent leurs chaussures avant d’entrer dans une maison, des femmes qui se couvrent la tête, des garçons qui fréquentent les cafés pendant que les filles sont soumises à des règles extrêmement oppressives, des (...)
Je n’ai pas souvenir dans ce pays d’un temps où les fascistes furent plus menaçants. Et avec le vent de l’Etat dans leurs voiles, ils courent vers plus d’agressivité encore.
Parce que ceux qui, jusqu’à aujourd’hui, se cachaient derrière le masque de la social démocratie ont dans ce « dernier tango », arraché et jeté le voile qui leur collait au visage, parce qu’on a anéanti cette gauche qui aurait dû être une conscience pour la société tout entière, il n’est plus désormais aucun obstacle moral au (...)
Courrier international - n° 761 - 2 juin 2005 - Gazetem
Avec les désillusions sur l’Europe, l’autoritarisme gagne du terrain à Ankara. Le Premier ministre se conduit comme un général, constate amèrement l’intellectuel Ahmet Altan.
En Turquie, chaque homme politique est un général et chaque général se découvre des talents de politicien. Tandis que les généraux souhaitent gérer le pays en concentrant dans leurs mains tous les mécanismes de contrôle de l’Etat, les hommes politiques, pour leur part, rêvent (...)
0 | 10
0 | 50 | 100 | 150 | 200 | 250 | 300 | 350 | 400 | ... | 1200