Lundi 08 Février 2010
INTERNATIONAL.
Des échanges ont déjà été noués pour un futur jumelage entre Eyüp, un grand district d’Istanbul, où a vécu l’écrivain, et Rochefort
A une époque récente (en 2007), une polémique avait agité le Conseil municipal d’Eyüp (un des 39 districts d’Istanbul), les membres de l’AKP, parti islamo-conservateur, souhaitant débaptiser la colline portant le nom de Pierre Loti. Ils voulaient lui donner celui d’Eyüp Sultan, compagnon du prophète Mahomet, qui est enterré dans le cimetière au pied de cette colline.
Finalement, face aux diverses réactions, la querelle a fait long feu et la colline a gardé son nom. Qui est aussi celui d’un café toujours existant, où Loti avait coutume d’aller, sur les contreforts de la Corne d’or (notre photo).
Depuis, la commune d’Eyüp (qui compte plus de 300 000 habitants) s’est d’évidence complètement réconciliée avec le voyageur écrivain, à tel point qu’elle veut fraterniser avec la patrie de Loti : Rochefort. Et c’est même parce que cette cité de Charente-Maritime a vu naître Julien Viaud que le maire d’Eyüp, Ismaïl Kavuncu (élu en 2009), souhaite un rapprochement entre les deux villes.
Il vient d’écrire à Bernard Grasset pour lui dire qu’en mémoire de Pierre Loti, « un des plus grands écrivains français et ami inestimable de la Turquie », lui-même et son Conseil seraient ravis de voir Eyüp et Rochefort devenir villes « jumelles ».
Échanges économiques
Le maire parle de sa commune comme de la « deuxième ville de Pierre Loti » et rappelle qu’Istanbul est, en 2010, capitale européenne de la culture. À cette occasion, il juge important de « développer des relations, des échanges sociaux culturels et peut-être même économiques ». Et d’ajouter : « À travers l’union de nos deux villes, nous sommes confiants, les graines de cette amitié grandiront bien au-delà de 2010. Cela portera les voix de nos deux pays France et Turquie comme notre vieil ami commun le fit, il y a 134 ans ».
France-Turquie
Ismaïl Kavuncu conclut en affirmant à Bernard Grasset qu’il serait enchanté de l’accueillir avec ses collègues, le plus tôt possible, « pour leur montrer la version moderne d’Eyüp », la célèbre Corne d’or (Golden Horn) et la culture turque aussi « belle qu’elle est décrite dans les romans de Pierre Loti ».
En fin de semaine dernière, Bernard Grasset lui a répondu. Lui aussi est enthousiasmé par l’idée de ce rapprochement et des liens qui vont être noués, « sous l’égide de Pierre Loti qui fut toujours un ardent défenseur du rapprochement nécessaire entre la Turquie et la France ».
Bientôt un voyage
Le maire de Rochefort partage ce sentiment et pense que des échanges entre ces deux villes pourraient donner l’exemple pour un rapprochement entre les deux nations.
À son avis, c’est à juste titre qu’Istanbul a été choisie comme capitale européenne de la culture en 2010.
Bernard Grasset a l’intention de se rendre à Eyüp, à la fin du second trimestre, si cette période convient à son homologue turc. Et il l’invite à venir à Rochefort, au cours du troisième trimestre de cette même année 2010.
Il est donc possible que ce jumelage se concrétise assez rapidement et que des échanges puissent se pratiquer entre les deux villes.
Auteur : Marie-Claude Aristegui
mc.aristegui@sudouest.com
http://www.sudouest.com/charente-maritime/actualite/rochefort/article/860221/mil/5683800.html