Turquie/UE : un négociateur turc nommé

Le ministre de l’Economie devient négociateur en chef pour mener les pourparlers sur l’adhésion de la Turquie à l’UE

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé mardi la nomination de Ali Babacan pour diriger les négociations avec l’UE qui doivent débuter le 3 octobre prochain.

M. Babacan, 38 ans, est le ministre le plus jeune du cabinet turc.

Le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gul ou son prédécesseur, Yasar Yakis, un ancien diplomate de carrière, figuraient parmi les pressentis pour ce poste.

« Ceux qui œuvrent contre ce processus (d’adhésion) perdent leur énergie (...) Nous pouvons rencontrer des problèmes mais ils ne changeront pas l’objectif fondamental de la Turquie qui est d’entrer dans l’UE », a déclaré le chef du gouvernement turc.

M. Erdogan a par ailleurs rejeté les craintes qu’un éventuel changement de gouvernement en Allemagne puisse mettre en cause l’intégration de son pays au club européen.

Le Parti social-démocrate (SDP) du chancelier Gerhard Schröder a subi une déroute historique dimanche dans son bastion de Rhénanie du nord-Westphalie. Le scrutin a été remporté par l’Union chrétienne-démocrate (CDU), dont la présidente Angela Merkel, s’oppose à une entrée de la Turquie à l’Union et lui propose un « partenariat privilégié ».

Ali Babacan, bio-express

Quasiment inconnu des milieux politiques et économiques, cet « enfant prodige » avait été nommé à la tête de l’économie turque à l’issue des dernières élections législatives de novembre 2002, remportées haut la main par le parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste. Il avait été élu député d’Ankara.

Né en 1967 à Ankara, Ali Babacan est diplômé de la prestigieuse Université technique du Moyen Orient (METU) en 1989 comme ingénieur après avoir réalisé un sans faute à ses examens - il est le premier de toutes les promotions de cette année.

Il poursuit ensuite ses études aux Etats-Unis grâce à une bourse Fulbright. Il obtient en 1992 un master à l’Université Northwestern et travaille ensuite de 1992 à 1994 comme consultant dans une importante firme privée de conseil pour responsables du secteur de la finance aux Etats-Unis.

De retour en Turquie, Ali Babacan se lance dans les affaires et s’occupe d’une firme de sa famille spécialisée dans le textile.

Après la création de l’AKP en 2001, il assume le poste de coordinateur des affaires économiques et fait partie de la « vitrine » résolument pro-occidentale et libérale du parti.

Avec sérieux et diplomatie, il réussit à mener à terme un programme de crédits stand-by conclu avec le FMI en 2001 au cours de la pire récession enregistrée dans l’histoire de la Turquie moderne.

Ce programme de trois ans qui est arrivé à terme en février dernier a été récemment remplacé par une nouvelle ligne de crédit de 10 milliards de dollars.

M. Babacan s’est toujours contenté de s’exprimer sur des sujets économiques, évitant les questions « sensibles » comme l’interdiction du port du foulard islamique dans les universités et la fonction publique alors que son épouse est voilée. Il a deux enfants, et parle l’anglais.