Fille du Prof. Dr. Baskın Oran, Sırma Oran, de nationalité française, qui s’était portée candidate aux élections municipales de Villeurbanne, banlieue de la Ville de Lyon, a saisi haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité contre Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, soutenant qu’elle a été victime de discrimination à cause de ses origines turques.
Interrogée par Agos, Sırma Oran a déclaré que si cette organisation lui donne raison et estime qu’elle a été victime de discrimination, elle porterait l’affaire devant le tribunal. Elle a affirmé par ailleurs que si la HALDE ne se prononçait pas, elle n’hésiterait pas à porter l’affaire jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Sırma Oran répond à Jean-Paul Bret
Nous publions ici la réponse de Sırma Oran à Jean-Paul Bret qui avait déclaré que celle-ci n’avait pas été appelée à une réunion à cause de ses origines turques mais à cause des « activités nationalistes » qui avaient eu lieu deux ans plus tôt à Lyon contre le mémorial arménien, et qu’après son retrait de la liste, ils avaient effectivement appris sa participation à la marche du 18 mars 2006 contre le mémorial dédié au génocide arménien :
« Je ne sais pas de quoi parle M. Bret quand il évoque des activités nationalistes. S’il parle de la marche du 18 mars, je dois dire avec fermeté que lorsque M. Bret a commencé son interrogatoire avec moi, il ne savait pas que j’avais participé à cet événement, qu’il a utilisé plus tard, pour justifier ses agissements.
La marche du 18 mars n’était pas une manifestation nationaliste ni négationniste. C’était un événement destiné à montrer le ras-le-bol des Turcs vivant à Lyon et dans ses environs. C’est le dixème « mémorial du génocide arménien » dans notre région, alors qu’il n’y en a pas un seul à la mémoire de la Shoah. De plus, voici ce qui est écrit sur le monument : « À la mémoire des Arméniens tués lors du génocide de 1915 par les Jeunes Turcs ». Vous admettrez que ce n’est pas innocent de choisir l’expression « Jeunes Turcs » plutôt qu’« Ottomans » ou « Union et Progrès ». Les associations turques d’ici ont demandé maintes fois au maire de Lyon Gérard Collomb de « cesser de nous montrer du doigt », ils n’ont jamais pu se faire entendre.
D’autre part, les « Loups gris » n’ont pas participé à cette marche, il faut que ce soit clair ; il y avait des militants isolés. Mais depuis le début, cette marche a été manipulée par la partie adverse. Quant aux médias, ils ont complètement déformé cet événement. Lorsque j’ai vu les provocations des jeunes Arméniens, j’ai craint que cette histoire ne se termine par des morts. Ils ont commencé à nous jeter des pierres et des bouteilles. Les personnes qui assistaient à cette marche de l’extérieur nous traitaient de « nazis » et de « mi-homme mi-singe ».
Ici, si vous êtes turc, vous êtes forcément négationniste. Vous n’avez pas le droit d’ouvrir la bouche. Par exemple, moi, je suis présidente d’une association qui lutte pour l’insertion sociale des femmes seules et plus généralement de l’intégration des femmes (qui ont du mal à s’intégrer). C’est une association apolitique et a-cultuelle. Le fait que cette association qui mène des activités sociales et culturelles ne se soit pas penchée sur le sujet du génocide suffit aux Arméniens d’ici à la cataloguer comme « négationniste ». Le terme de « négationniste » s’utilise en réalité en France pour les fanatiques du FN qui affirment qu’« il n’y a jamais eu de génocide juif » [1]. Ce qui leur permet de nous cataloguer comme à la fois « enfants de nazis » et ultra-nationalistes du FN. Les personnes et les lois obsédées par le génocide arménien empêchent le dialogue des deux côtés. C’est vraiment dommage ! »