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Réaliser un projet scolaire européen avec un établissement turc

samedi 3 novembre 2007, par Marc Parvérie

La Turquie est pleinement intégrée à toutes les activités des programmes éducatifs européens Socrates depuis la rentrée 2003.

Notre établissement, le collège Gaucelm Faidit d’Uzerche en Corrèze, recherchait alors des partenaires pour étoffer une équipe franco-italo-allemande déjà constituée. L’Agence Socrates-France m’ayant averti (avec un enthousiasme non dissimulé) que les derniers blocages administratifs à l’adhésion turque étaient enfin levés, j’ai contacté alors 3 établissements, et obtenu deux réponses : l’une négative et l’autre très enthousiaste du lycée de Yalova (Yalova lisesi), sur la côte de la mer de Marmara. Nous avons donc déposé en février 2004 un dossier pour un projet Comenius 1.1 (partenariat scolaire) regroupant 6 pays : France, Allemagne, Italie, Pologne, Turquie et Suède. Il est à noter que la présence d’un établissement turc a été un élément positif dans l’acceptation de notre projet ; l’Agence nationale et la Commission européenne valorisent systématiquement la diversité culturelle et l’ouverture sur les nouveaux membres et candidats à l’UE.

Notre projet « Grandir en Europe », tel que nous l’avons défini dans le dossier de candidature, consistait en une étude la plus large possible de la jeunesse européenne d’aujourd’hui : sa ou ses culture(s) entre traditions et mondialisation, ses centres d’intérêts, ses habitudes et son attitude face au monde des adultes, ses craintes et ses espoirs face à l’avenir (environnement, guerre et paix…)…

Le programme des trois années s’est articulé ainsi :

  • première année : les racines de la culture des jeunes (être jeune dans les années 60-70),
  • deuxième année : la jeunesse d’aujourd’hui (sa ou ses culture(s)),
  • troisième année : quel avenir pour les jeunes (craintes et espoirs) ?

Pour souder les équipes et pour permettre aux élèves de se rencontrer autrement que par clavier interposé, deux réunions de projet ont été organisées chaque année, à chaque fois chez un partenaire différent, l’une en automne pour préciser le travail de l’année, l’autre en mai pour en faire le bilan. Des délégations composées d’enseignants et d’élèves des 6 pays se sont ainsi retrouvées pour travailler en commun en Italie et en France en 2004-2005, en Suède et en Turquie en 2005-2006, en Allemagne et en Pologne en 2006-2007.

Les travaux ont été progressivement mis en ligne sur notre site Grandir en Europe. Ce site témoigne bien de l’esprit d’amicale coopération qui a animé ce projet : créé par le partenaire suédois et administré par notre établissement, il est actualisé conjointement par un professeur français (contenu) et une parente d’élève turque (design).

Enfin, à l’issue des 3 ans, nous avons produit un Livre blanc de la jeunesse européenne, réunissant l’ensemble des travaux réalisés. C’est notre partenaire turc qui a eu la lourde responsabilité de produire ce livre de 120 pages.

Nous avions posé au début du projet les objectifs suivants :

  • le développement de l’autonomie des élèves (notamment dans l’utilisation des nouvelles technologies),
  • la pratique linguistique (principalement de l’anglais)
  • l’ouverture des esprits, la lutte contre la xénophobie et la formation de futurs citoyens européens.

Si le bilan des deux premiers points est globalement positif, c’est pour le troisième que la réussite nous paraît complète : les réunions, le travail en commun, le partage de la nourriture, de la musique…, les échanges avec de nouveaux copains ont permis a nos élèves de se comprendre mieux, de remettre en cause certains préjugés. Par ce travail, ils ont expérimenté le fait que, par delà les différences culturelles, ils appartenaient à un même groupe de jeunes européens partageant des goûts, des espoirs, des valeurs… Lors du questionnaire d’évaluation que nous leur avons soumis, tous nos élèves ont insisté sur ce fait, et c’est d’ailleurs ça qu’ils ont trouvé le plus intéressant dans le projet. Concernant plus précisément la Turquie, les élèves, notamment les français, reconnaissent bien volontiers avoir revu leurs préjugés. Ils considèrent maintenant la Turquie et les Turcs avec la plus grande sympathie. Quand on leur pose la question de l’adhésion de la Turquie à l’UE, ils ont tendance à répondre que c’est une question technique assez compliquée qui les dépasse un peu, mais en aucun cas ils n’ont cette réaction de rejet immédiate et irréfléchie de trop nombreux adultes ! Le fait de vivre et de travailler au quotidien avec des Turcs leur paraît maintenant naturel.

Il est important de noter que les contacts initiés avec un tel projet ne disparaissent pas à l’issue du projet lui-même. Je sais que mes élèves continuent à communiquer avec leurs camarades turcs, certains continuent à s’envoyer des cadeaux et des parents ont pris directement contact.

Au niveau de l’établissement, non seulement nous avons gardé des contacts avec nos collègues de Yalova, mais l’approfondissement des relations avec la Turquie est maintenant une constante de notre politique d’ouverture internationale. De nombreux élèves de 5e et de 4e ont cette année des correspondants (par courrier électronique ou postal) avec des camarades de deux écoles turques ; le collège d’Aksaray en Cappadoce et l’école de Çınarcık dans la province de Yalova.

Notre projet a par ailleurs eu une visibilité au niveau local et académique (diffusion des travaux des élèves, notamment du Livre blanc, expositions dans le collège, articles dans la presse locale…) et a ainsi popularisé l’idée (malgré les réticences de certains) que la Turquie étaient un partenaire dynamique et intéressant pour un projet scolaire européen.

La Turquie étant éligible à tous les programmes Socrates, de Comenius pour les projets scolaires du primaire et secondaire à Erasmus pour les étudiants et Grundtvig pour la formation continue des adultes, on trouvera tous les renseignements administratifs et les formulaires à télécharger sur le site de l’Agence Europe Education Formation France

Attention, les projets Comenius sont à déposer en février-mars pour un début du travail à la rentrée de septembre suivant. Il est noter qu’il faut souvent plusieurs mois pour trouver des partenaires et monter ensemble un dossier solide. Il est raisonnable de prévoir un an de contacts et de préparation avant le début réel du travail.

Notre site www.grandir-en-europe.net (en anglais) peut éventuellement donner des idées en montrant la genèse d’un tel projet (objectifs, modalités de mise en œuvre, évaluation…), ainsi que des exemples de réalisations concrètes.

Depuis l’intégration de la Turquie aux programmes Socrates, l’enthousiasme des collègues turcs ne faiblit pas pour se joindre à des projets ou en initier. On trouvera de très nombreuses propositions actualisées émanant de collègues turcs (parfois 10 et plus par jour !) sur le site MyEurope rubrique « Partenaires ».

Je ne saurais trop encourager les collègues français à se lancer dans de tels projets avec le même enthousiasme que nos amis turcs.

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