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La Turquie doit savoir reconnaître ses amis en France

mercredi 23 septembre 2009

En dépit de la ligne prônée par Nicolas Sarkozy, tous les membres de l’UMP ne sont pas hostiles à une intégration européenne de la Turquie. Gérard Larcher, le président du Sénat, en est un bon exemple. Pour parvenir à ses fins, Ankara doit donc apprendre à jouer des bons relais, estime le quotidien turc Milliyet.

Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes et Gérard Larcher, président du Sénat.

Tous deux sont Français. Ils sont même des personnalités influentes de la politique française. L’un, Pierre Lellouche, est secrétaire d’Etat aux Affaires européennes tandis que l’autre, Gérard Larcher, est président du Sénat. Mais tous deux ont beau être membres de l’UMP, le parti de centre-droit du président Sarkozy, ils divergent sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la Turquie. Et leurs différences de points de vue illustrent le clivage persistant des Français à propos de la Turquie. Le discours prononcé, le 16 septembre, par Pierre Lellouche [devant la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale] tranche avec les opinions personnelles qu’il exprimait encore il y a peu. En effet, jusqu’à ce qu’il soit nommé secrétaire d’Etat, en juin, cet homme politique de 58 ans était un fervent défenseur de la Turquie. L’encre de ses discours et de ses articles n’était pas encore sèche que Lellouche, tout juste promu secrétaire d’Etat, s’est soudain transformé en « avocat » et en « porte-parole » de la vision de Sarkozy sur la Turquie ! Ainsi, le 16 septembre, il a été jusqu’à prétendre que, tout comme la France, la plupart des pays européens étaient contre une adhésion pleine et entière de la Turquie à l’Union européenne mais qu’ils « ne pouvaient pas le dire publiquement ».

Le revirement de Lellouche peut difficilement être qualifié d’intègre et d’honorable. Le mois passé, il s’était tenu obligé de préciser qu’il ne pouvait y avoir « qu’une seule politique gouvernementale » et que, en tant que secrétaire d’Etat, il était tenu de l’appliquer. Pour autant, d’autres hommes politiques français de premier plan, eux aussi membres de l’UMP, n’éprouvent pas à ce point la nécessité de courber l’échine. Gérard Larcher, le président du Sénat, en fait partie. Le voyage qu’il vient d’effectuer à Istanbul et Ankara [du 15 au 18 septembre], à la tête d’une délégation sénatoriale, est d’autant plus important que, comme il l’a précisé lui-même, il avait « une dimension symbolique traduisant une volonté politique ». Que cette délégation ait été reçue par le président du Parlement turc, par le président de la République, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères montre bien l’importance de l’événement. Pour autant, ce qui est crucial, ce n’est pas ce qui s’est dit derrière des portes closes mais bien ce que Gérard Larcher a déclaré devant la presse, ou plutôt ce qu’il a osé déclarer. « Tout le monde sait combien je suis loyal au président de la République. Mais la loyauté n’exclut pas l’autonomie. Avec le président de la République, nous pouvons ne pas toujours partager la même opinion. Je me sens responsable du Sénat. Celui-ci souhaite continuer à accompagner le processus de négociation, sur les chapitres qui sont ouverts et ceux qui devront l’être, pour pouvoir préparer l’avenir ensemble. »

On a vu qu’en France, les organes législatifs pouvaient diverger entre eux. Il est arrivé que le Sénat adopte des positions différentes de celles de l’Assemblée nationale. Ce fut le cas en 2000 lorsqu’il s’est opposé à la proposition de loi sur le génocide arménien. Les prises de positions de Gérard Larcher montrent que la France n’est pas faite que de Sarkozy et de ses partisans (ou en tout cas de renégats du genre Lellouche) et qu’il y a encore dans ce pays des personnes importantes et influentes qui connaissent la valeur de la Turquie. Il convient donc de multiplier les contacts avec eux afin qu’ils puissent faire davantage entendre leurs voix.

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Sources

Source : Courrier International, le 22.09.2009

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